Pierre de Ronsard


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Pierre de Ronsard est né en 1524 en Touraine à la Possoniére ,en Touraine ,dans une famille de petite noblesse .Page des fils de François premier ,il voyage beaucoup . Une surdité précoce lui interdit la carriére des armes ;il entre alors dans les ordres pour vivre de bénéfices .En 1543 ,il suit à Paris les cours de l'hélléniste Jean Dorat au collége de Coqueret en compagnie de brillants condisciples commùe Peletier du Mans ,Baîf et surtout Du Bellay .
La publication de ses Odes en 1550 lui vaut d'être reconnu comme chef de file de la " Brigade " .Pendant un quart de siécle ,il multipliera les publications ,organisant ,dés 1560,une premiére édition de ses oeuvres . Dés le début des guerres de religion ,il s'engage résolument dans le camp des catholiques avec ses Discours , pui s'attelle à la composition d'une épopée , La Franciade ( 1572 ) .
Retiré dans son prieuré de Saint-Cosme ,prés de Tours ,il continuera à y écrire abondamment jusqu'à sa mort ,en 1585.

Odes à Cassandre (1550 )


Mignonne ,allons voir si la rose
Qui ce matin avait déclose
Sa robe de pourpre au soleil,
A point perdu ,cette vesprée,
les plis de sa robe pourprée,
Et son teint au vôtre pareil.

Las ! voyez comme un peu d'espace ,
Mignonne,elle a,dessus la place,
Las,las,ses beautés laissé choir !
Ô vraiment marâtre Nature,
Puisqu'une telle fleur ne dure
Que du matin jusques au soir !

Donc ,si vous me croyez ,mignonne,
Tandis que votre âge fleuronne
En sa plus verte nouveauté,
Cueillez,cueillez votre jeunesse:
Comme à cette fleur ,la vieillesse
Fera ternir votre beauté.		 A côté des thémes champêtres et rustiques ,les Odes offrent également des variations épicuriennes sur les joies de l'existence ou la tristesse du temps qui passe.Cette inspiration sentimentale justifie sans doute l'insertion tardive dans ce recueil de la célébre mais bien différente " Ode à Cassandre " ,d'abord publiée dans les Amours. Toute en simplicité et en musicalité discréte ,elle murmure plus qu'elle ne chante une poésie à l'écoute d'un bonheur fragile .

Les amours de Ronsard rassemblent sous un même titre deux grands ensembles de poèmes lyriques .D'abord les amours de Cassandre (1552) dédiés au premier grand amour du poète ,la toute jeune Italienne Cassandre Salviati, et largement inspirés par la préciosité pétrarquiste; puis les Amours de Marie ( 1555-1560) ,nés de la passion du poète pour Marie Dupin ,une modeste fleur angevine de 15 ans . Le sonnet 29 de ce second livre témoigne ainsi d'un lyrismùe plus dépouillé et plus familier .
J'aime la fleur de mars


J'aime la fleurs de mars ,j'aime la belle rose,
L'une qui est sacrée à Venus la déesse,
L'autre qui a le nom de ma belle maitresse,
Pour qui troublé d'esprit en paix je ne repose

J'aime trois oiselets,l'un qui sa plume arrose
De la pluie de mai ,et vers le ciel se dresse,
L'autre qui veuf au bois lamente sa détresse,
L'autre qui pour son fils mille versets compose.

J'aime un pin de Bourgueil,où Vénus apendit
Ma jeune liberté ,quand pris elle rendit
Mon coeur que doucement un bel oeil emprisonne .

J'aime un jeune laurier ,de Phébus l'arbrisseau ,
Dont ma belle maîtresse ,en pliant un rameau
Lié de ses cheveux ,me fit une couronne ..


Quand vous serez bien vieille...

Quand vous serez bien vieille,au soir ,à la chandelle,
Assise auprés du feu,dévidant et filant ,
Direz,chantant mes vers ,en vous émerveillant:
"Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle ".

Lors vous n'aurez servante oyant telle nouvelle,
Déjà sous le labeur à demisomeillant,
Qui au bruit de Ronsard ne s'aille réveillant,
Bénissant votre nom de louange immortelle .

Je serai sous la terre ,et fantôme sans os
Par les ombres myrteux je prendrai mon repos;
Vous serez au foyer une vieille accroupie,

Regrettant mon amour et votre fier dédain.
Vivez,si m'en croyez,n'attendez à demain :
Cueillez dés aujourd'hui les roses de la vie.

 Le dernier recueil des Amours de Ronsard porte le titre de Sonnets pour Héléne : les poèmes en sont dédiéés à Héléne de Surgéres,fille d'honneur de Catherine de Médicis . Celle-ci d'abord célébrée "par ordre de la souveraine " ,le fut sur un ton maniéré qui rappelle souvent celui des Amours de Cassandre
Femme de vertu et de beauté ,Héléne de Surgéres ,inspira au poète une affection pleine de sincérité et de tendresse. Avec le temps ,la passion se conjugua superbement ,dans le second livre de ces Sonnets, avec la nostalgie du printemps amoureux et la discréte inquiétude automnale de la mort qui s'annonce .

CassandreSalviati

Pour plus d'informations sur Le grand Pierre de Ronsard :-La biographie compléte
-une grande partie de son oeuvre