Le rat de Bibliothéque


"Sais-tu ce qu'est un rat de bibliothéque ?
Non ,ce n'est pas un petit rat de l'opéra ,qui soit dit en passant est un excellent danseur .Certainement plus en tout cas qu'un rat de bibliothéque .
Le rat de bibliothéque est un fouineur ,un fouilleur de livres .Il n'aime rien de plus que de se plonger son petit museau poilu dans une étagére pleine de livres .
Sa préférence va aux étagéres poussiéreuses ,celles qui n'ont pas été touchées depuis bien longtemps .
Il est futé ce petit rongeur des bibliothéques ,il entrevoit sous cette tonne de poussiére des trésors insoupçonnés de mots et de phrases , d'écrivains oubliés et d'histoires usées .
Bien souvent ,il s'ennuie ,rien n'est bon ,tout est bête ,quelconque et puis soudain , c'est merveilleux!Il tombe sur un texte illisible ,incroyable ,sublimissisme .La nuit ,le jour , plus rien n'a de sens . Il oublie tout ,et surtout qu'il est ici ,assis a une table vermoulue ,trop basse et mal éclairée.Il est un autre ,dans son monde .Un monde créé par son imaginaire .Il est heureux , plus q'heureux .
Voilà ce qu'est un rat de bibliothéque . Un être qui grignote ,grignote les livres à ne plus pouvoir s'en passer .
A vrai dire ,j'adore les bibliothéques, mais bien qu'elles soient maintenant de moins en moins sombres et ( c'est terrible ) de plus en plus bruyantes,je préfére malgré tout prendre la poudre d'escampette ,un livre sous le coude ,et courrir vers une campagne qui me tend les bras : à vrai dire , je serais plutôt une petite souris des bois .Et Toi ? "

Le monde des rats est
passionant ,personne ne l'ignore .On a tant dit ,tant écrit sur eux et puis voilà qu'en fouillant sur le web ,je découvre un site formidable .Alors comme je suis partageuse ,je vous laisse le bonheur de le découvrir :
Cliquez sur le petit Rat qui vous conduira vers " Le coin des Rats " .






Les rats ,pendant trés longtemps ,ont fait peur .Peur à cause de cette affreuse chose qu'est la Peste qui a décimé des millions de personnes depuis le Moyen-Age et qui existait encore il n'y a pas si longtemps .
Un certain Camus, Albert de son prénom en a fait un roman . Un bon roman . Je laisse le soin à ceux qui vont aimer l'extrait qui va suivre de prendre le temps d'aller dans une bibliothéque ,d'emprunter ce livre et de le lire ,sagement au coin du feu ,recroquevillé dans un fauteuil confortable .
Nota Bene: il n'est absolument pas nécessaire d'avoir un bon vieux feu de bois pour apprécier Camus . Un rayon de soleil ,ou une grande couverture bien chaude fera tout aussi bien l'affaire .C'est selon le goût .

Un site sur Albert Camus ,assez riche mais diablement trop austére pour moi .
Et une page sur Camus avec une multitude de photographies ( c'est tout de même mieux avec des photos! Vous ne trouvez pas ?)

Albert Camus
" Le prêche de Paneloux eut lieu dans une église qui n'était pleine qu'aux trois quarts. Le soir du prêche, lorsque Rieux arriva, le vent, qui s'infiltrait en filets d'air par les portes battantes de l'entrée, circulait librement parmi les auditeurs. Et c'est dans une église froide et silencieuse, au milieu d'une assistance exclusivement composée d'hommes, qu'il prit place et qu'il vit le Père monter en chaire. Ce dernier parla d'un ton plus doux et plus réfléchi que la première fois et, à plusieurs reprises, les assistants remarquèrent une certaine hésitation dans son débit. Chose curieuse encore, il ne disait plus « vous », mais « nous ».
Cependant, sa voix s'affermit peu à peu. Il commença par rappeler que, depuis de longs mois, la peste était parmi nous et que maintenant nous la connaissions mieux pour l'avoir vue tant de fois s'asseoir à notre table au chevet de ceux que nous aimions, marcher près de nous et attendre notre venue aux lieux de travail, maintenant donc, nous pourrions peut-être mieux recevoir ce qu'elle nous disait sans relâche et que, dans la première surprise, il était possible que nous n'eussions pas bien écouté. Ce que le Père Paneloux avait déjà prêché au même endroit restait vrai - ou du moins c'était sa conviction.
Mais, peut-être encore, comme il nous arrivait à tous, et il s'en frappait la poitrine, l'avait-il pensé et dit sans charité. Ce qui restait vrai, cependant, était qu'en toute chose, toujours, il y avait à retenir. L'épreuve la plus cruelle était encore bénéfice pour le chrétien. Et, justement, ce que le chrétien, en l'espèce, devait chercher, c'était son bénéfice, et de quoi le bénéfice était fait, et comment on pouvait le trouver.
A ce moment, autour de Rieux, les gens parurent se carrer entre les accoudoirs de leur banc et s'installer aussi confortablement qu'ils le pouvaient. Une des portes capitonnées de l'entrée battit doucement. Quelqu'un se dérangea pour la maintenir. Et Rieux, distrait par cette agitation, entendit à peine Paneloux qui reprenait son prêche. Il disait à peu près qu'il ne fallait pas essayer de s'expliquer le spectacle de la peste, mais tenter d'apprendre ce qu'on pouvait en apprendre. Rieux comprit confusément que, selon le Père, il n'y avait rien à expliquer. Son intérêt se fixa quand Paneloux dit fortement qu'il y avait des choses qu'on pouvait expliquer au regard de Dieu et d'autres qu'on ne pouvait pas. Il y avait certes le bien et le mal, et, généralement, on s'expliquait aisément ce qui les séparait. Mais à l'intérieur du mal, la difficulté nécessaire et le mal apparemment inutile. Il y avait don Juan plongé aux Enfers et la mort d'un enfant. Car s'il est juste que le libertin soit foudroyé, on ne comprend pas la souffrance de l'enfant. Et, en vérité, il n'y avait rien sur la terre de plus important que la souffrance d'un enfant et l'horreur que cette souffrance traîne avec elle et les raisons qu'il faut lui trouver. Dans le reste de la vie, Dieu nous facilitait tout et jusque-là, la religion était sans mérites. Nous étions ainsi sous les murailles de la peste et c'est à leur ombre mortelle qu'il nous fallait trouver notre bénéfice. Le Père Paneloux refusait même de se donner des avantages faciles qui lui permissent d'escalader le mur. Il lui aurait été aisé de dire que l'éternité des délices qui attendaient l'enfant pouvait compenser sa souffrance, mais, en vérité, il n'en savait rien. Qui pouvait affirmer en effet que l'éternité d'une joie pouvait compenser un instant de la douleur humaine? Ce ne serait pas un chrétien, assurément, dont le Maître a connu la douleur dans ses membres et dans son âme. Non, le Père resterait au pied du mur, fidèle à cet écartèlement dont la croix est le symbole, face à face avec la souffrance d'un enfant. Et il dirait sans crainte à ceux qui l'écoutaient ce jour-là: « Mes frères, l'instant est venu. Il faut tout croire ou tout nier. Et qui donc, parmi vous, oserait tout nier? »



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