Comme dans la Grèce antique, le théâtre médiéval nait du culte ,ou plutot de la liturgie qui lui est attachée.En effet,aprés l'écroulement du monde gréco-romain,c'est l'Eglise qui apparaît comme l'élèment actif autour duquel une civilisation nouvelle vient se cristalliser.Si le théâtre médièval ne nous a pas laissé de monument,si on ne le connaît que par quelques textes et de rares documents figurés,souvent tardifs,il ne faut cependant en mésestimer ni l'importance historique ni la portée sociale .Plus qu'un simple divertissement , il fut alors un véritable moyen d'éducation.Profondément ancré dans la vie populaire ( tous les groupes sociaux y participent),il se définit comme une oeuvre collective et ce n'est que vers la fin du XV éme siécle qu'il devient une forme littéraire autonome. |
Jeux ,miracles et mystéres: Le Jeu d'Adam est le plus ancien texte dramatique qui nous soit parvenu.Ce jeu (drame et plus tard comédie) date des années 1150-1170.Ecrit en français ,sans doute par un moine anglo-normand,il présente la chute originelle,le meurtre d'Abel et l'annonce de la venue du Redempteur.Pour la premiére fois ,les protagonistes sortent du texte et deviennent des personnages.On note ,à cette époque l'apparition d'écrivains professionnels.Lorsque le sujet de la piéce s'inspire de la vie des saints, il s'agit d'un " miracle " .Le premier connu est ce Jeu de saint Nicolas dû à Jehan Bodel.Au XV éme siécle,c'est le genre du " mystére" qui va dominer et fournir les oeuivres les plus importantes inspirées surtout par un sujet suprême :la Passion du Christ .Enormes machines qui duraient plusieurs jours ,les mystéres mettaient en scène un grand nombre de personnages (200 pour le Mystére de la Passion d'Arnould Gréban) et des moyens matériels très important .Ce mystére ,joué pour la première fois à Paris en 1450,véritable somme théologique ,historique et dramatique de près de 35 000 vers ,reste le modèle du genre et fut souvent imité. |
L'évolution du lieu théâtral: "Le château,l'église ,la ville sont des décors de théâtre ;il est symptomatique que le Moyen Age ignore un lieu spécialisé pour le théâtre.Là où il y a un centre de vie sociale ,s'improvisent les scénes et les représentations "(J.le Goff).Aprés que le théâtre eut quittè l'enceinte de l'èglise ,il semble que deux sortes de scénes aient coexisté,toutes deux ouvertes sur la ville .La premiére reprend l'idée du théâtre en rond ( comme les grecs),la deuxiéme suggére l'utilisation d'une longue estrade (jusqu'à 40 ou 50 métres) supportant divers décors. ![]() |
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Parallèlement au théâtre religieux se développèrent de nombreuses fêtes profanes.Elles présentaient des dèfilés,des parades et se terminaient souvent en festins.Au XV éme siécle ,de petites troupes de comédiens commencent à parcourir les villes ,plantant des estrades et produisant des farces composées de bastonnades ,de déguisements,de revirements de situation soudains et opposant immanquablement le "bon " au "méchant".Les femmes y étaient souvent dévergondèes.Ces troupes rejoignaient dans les foires commerciales de Champagne,de Bourgogne et d'ailleurs , les acrobates ,montreurs de bêtes sauvages et " jongleurs " débitant leur boniment,comme Rutebeuf en laissa le souvenir dans "Le dit de l'herberie",monologue comique dans lequel un charlatan vante ses herbes merveilleuses. | ||
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Cette illustration de Jean Fouquet pour les Heures d'Etienne Chevalier (entre 1450 et 1480)est l'une des premières représentations d'un mystére .On y voit sainte Apolline subissant le martyre : on lui arrache les dents une à une . |