Fahrenheit 451



Deuxiéme extrait : Clarisse et Montag se rencontrent une nouvelle fois.

"L'averse se calmait et la jeune fille marchait au milieu du trottoir ,la tête levée vers le ciel ,le visage offert aux gouttes qui s'espaçaient .Elle sourit en voyant Montag.
-Bonjour!
Il répondit bonjour et ajouta:
-Qu'est-ce que vous mijotez maintenant?
-Je suis toujours folle .La pluie est si douce .J'adore marcher sous la pluie .
-Je crois que ça ne me dirait rien .
-Il faudrait faire l'expérience pour savoir .
-Jamais ça ne m'est arrivé.
Elle se lécha la lévre .
-La pluie a même un goût délicieux .
-A quoi passez-vous le temps ? Vous vous amusez à tâter un peu de tout une fois en passant ? demanda-t-il .
-Parfois même deux ...
Elle regarda quelque chose au creux de sa main.
-Qu'est-ce que vous tenez là ? dit-il.
-Je crois que c'est le dernier des pissenlits de l'année .Je ne pensais pas en trouver encore un dans l'herbe à cette saison .On ne vous a jamais dit qu'on se frottait le menton avec ? Regardez .elle appuya la fleur contre son menton en riant .
-Pourquoi ?
-S'il déteint ,c'est que je suis amoureuse ...Dites -moi ?...
Il ne pouvait guére que regarder.
-Eh bien ? dit-elle .
-Vous avez le menton tout jaune.
-Chic ! Essayons sur vous maintenant .
-ça ne marchera pas avec moi.
-Voilà .avant qu'il eût pu faire un geste ,elle avait appliqué le pissenlit sous son menton. Il recula et elle se mit à rire . "Ne bougez pas ! " Elle l'examina sous le menton et fronça les sourcils ;
-alors ? demanda -t-il .
-quel dommage,dit-elle .vous n'êtes amoureux de personne .
-Mais si !
-ça ne se voit pas.
-Je suis même trés amoureux.Il s'efforça d'évoquer un visage à l'appui de son affirmation ,mais le visage n'apparut pas .Trés amoureux ! répéta-t-il.
Et elle fila et le laissa debout sous la pluie .au bout d'un long moment ,il finit par se mettre en route .Puis ,trés lentement ,tout en marchant ,il renversa la tête en arriére ,dans la pluie ,un bref instant,et ouvrit la bouche... (quelques jours plus tard)
Un ,deux,trois,quatre,cinq,six,sept jours.Et chaque fois qu'il sortait de chez lui ,Clarisse apparaissait quelque part dans le monde.Une fois il la vit secouant un noisetier ,une autre fois ,assise sur la pelouse en train de tricoter un pull-over bleu ; à trois ou quatre reprises ,il découvrit un bouquet de fleurs tardives sur son perron ou une poignée de noisettes dans un petit sac ,ou de feuilles d'automne épinglées sur une feuille de papier blanc fixée à sa porte avec une punaise .Tous les jours ,Clarisse le rencontrait au coin de la rue .
-Pourquoi n'êtes-vous pas en classe ?Je vous vois flâner tous les jours.
-Oh,je ne leur manque pas ,dit-elle .Je suis antisociable,paraît-il.Je ne me même pas aux autres .c'est si bizarre.Je suis pourtant trés sociable au contraire .Tout dépend du sens qu'on donne à ce mot-là , n'est-ce pas ? Etre sociable ,pour moi ,c'est vous parler comme je le fais ,par exemple - elle fit rouler quelques noisettes tombées de l'arbre sur le carrelage devant la maison - ,ou de parler de l'étrangeté du monde où nous vivons . C'est agréable de se trouver avec d'autres personnes .Mais je ne vois pas ce qu'il y a de social à fourrer un tas de gens ensemble pour les empêcher de parler .Ce n'est pas votre avis ? Une heure de classe télévisée ,une heure de basket ,de base-ball ou de course à pied ,une autre heure de transcription d'histoire ou de peinture ,et encore des sports ,mais vous savez ,on ne se pose jamais de question , ou du moins la plupart d'entre nous ; ils se contentent de vous jeter les réponses à la tête ,bing ,bing,bing et on reste assises quatre heures d'affilée devant des films éducatifs.Ils vous abrutissent tellement qu'à la fin de la journée ,on se sent tout juste capable de se coucher ou d'aller dans un parc d'attractions pour y bousculer les gens,briser des vitres au stand du casseur de carreaux ou encore de sortir en voiture et de foncer dans les rues ,en rasant les lampadaires ,en jouant à écraser les poules ou à érafler les chapeaux de roues .
"Au fond ,je dois être ce qu'ils m'accusent d'être.Je n'ai aucun ami. ça suffit ,paraît-il ,à prouver que je suis anormale .Mais tout ceux que je connais passent leur temps à brailler ,à se trémousser comme des sauvages ou à se taper dessus .Vous avez remarqué comment les gens se battent de nos jours ?
-Quoi?
-Les gens ne parlent de rien.
-Oh ! c'est impossible .
-Non ,non ,de rien.Ils citent des marques de voitures ,de vêtements ,des adresses de piscines surtout et ils disent : " c'est drôlement chic ! " Mais ils disent tous les mêmes choses et personne n'est jamais d'un avis différent ."
"et dans les musées ,y avez-vous été par hasard ? Rien que de l'abstrait ,un point c'est tout .Mon oncle dit qu'autrefois c'etait différent ?Il y a bien longtemps ,les tableaux ,parfois ,exprimaient des choses ou même représentaient des hommes ."
-Votre oncle dit ,votre oncle dit .Votre oncle doit être un homme remarquable .
-Oh oui ,sans aucun doute .Enfin ,il faut que je me sauve .Au revoir ,Mr Montag.
-Au revoir .
-Au revoir...



Compréhension du texte


Réponds aux questions suivantes ,en donnant des explications.
  1. Pourquoi est-ce fou de marcher sous la pluie?
  2. on apprend que Montag n'est pas amoureux . Comment ? Montag vient-il de découvrir quelque chose ?
  3. Pourquoi goute-t-il à la pluie ?
  4. La vie des étudiants décrite par Clarisse te parait-elle trés éloignée de celle des étudiants d'aujourd'hui ?
  5. essaie de comprendre pourquoi il faut faire beaucoup de sport ?
  6. Quel point souléve Clarisse lorsqu'elle explique que les gens ne parlent de rien?


Conjugaison : le subjonctif


Qu'est-ce que le subjonctif : va voir le site suivant où tu pourras t'entraîner sur n'importe quel verbe .(attention il existe 4 temps au mode subjonctif mais nous n'utilisons plus guére que le subjonctif présent et passé ).

On appelle mode, la manière dont le verbe exprime l'état ou l'action. En français, on distingue deux types de mode :
- les modes personnels : ils sont introduits par un pronom personnel, je, tu, il etc.
- les modes impersonnels : tous les modes n'ayant pas de pronom personnel : l'infinitif, le participe et le gérondif.
Les modes personnels sont au nombre de quatre :

- L'indicatif exprime des actions et des vérités générales.
- Le subjonctif exprime un souhait, une volonté ou un conseil.
- Le conditionnel exprime une condition.
- L'impératif exprime un ordre.


Exercice


Mets le texte suivant au subjonctif.

Nous souhaitons tous que vous vous ( rétablir ) promptement - Nul ne prévoyait que cet auteur ( tomber ) si vite dans l'oubli - Il aurait fallu que l'hôtelier ( recevoir ) notre lettre la veille- Mes parents seront heureux que vous ( accepter) leur invitation -Je ne me rappelle pas qu'un incendie ( dévaster ) ce coin de forêt - Oserez -vous insinuer ,maintenant ,que cet homme ( fuir ) ses responsabilités ? -Il affirmait sa sincérité et entendait qu'on le ( croire ) sur parole . - Nous voulons bien que les cousins ( venir ) ,mais où les loger ? - Que pensiez-vous donc qu'il ( pouvoir ) arriver de mieux ? - Il faudra que tu ( prendre part ) à ce rallye .