Le 18 eme siécle est traversé par un nouvel élan social ,les artistes n'ont plus besoin de flatter les nobles et les rois ,ils peuvent donc faire découvrir le monde réel dans ses moindres
détails . Le roman devient donc LE genre littéraire du 18 éme siécle .
Le Roman est un cadre vide dans lequel vient se graver la vie et tous ses aléas .De plus ,les auteurs accentuent encore plus cette idée de réalité en présentant leur oeuvre comme un manuscrit authentique ,une biographie ou une correspondance .
La soif de vérité devient un idéal esthétique .
Le Roman montre la lente maturation d'une vie ou d'une crise dans la vie d'un homme

Premier texte à étudier : La Princesse de Cléves de Mme de La Fayette ( 1634-1693)
L'intrigue amoureuse et tragique de ce récit a pour décor la cour fastueuse du roi Henri II. Mariée depuis peu à Monsieur de Cléves ,la princesse ne connait encore que par ouï-dire l'un des hommes les plus remarquables de la Cour ,Monsieur de Nemours .
A l'occasion d'un bal donné en l'honneur d'un mariage princier ,elle se trouve enfin face à lui .
Elle passa tout le jour des fiançailles chez elle à se parer, pour se trouver le soir au bal et au festin royal qui se faisaient au Louvre. Lorsqu'elle arriva, l'on admira sa beauté et sa parure ; le bal commença, et comme elle dansait avec monsieur de Guise,
il se fit un assez grand bruit vers la porte de la salle, comme de quelqu'un qui entrait, et à qui on faisait place. Madame de Clèves acheva de danser et pendant qu'elle cherchait des yeux quelqu'un qu'elle avait dessein de prendre, le roi lui cria de prendre celui
qui arrivait. Elle se tourna, et vit un homme qu'elle crut d'abord ne pouvoir être que monsieur de Nemours, qui passait par-dessus quelques sièges pour arriver où l'on dansait. Ce prince était fait d'une sorte, qu'il était difficile de n'être pas surprise de le voir
quand on ne l'avait jamais vu, surtout ce soir-là, où le soin qu'il avait pris de se parer augmentait encore l'air brillant qui était dans sa personne ; mais il était difficile aussi de voir madame de Clèves pour la première fois, sans avoir un grand étonnement.
Monsieur de Nemours fut tellement surpris de sa beauté, que, lorsqu'il fut proche d'elle, et qu'elle lui fit la révérence, il ne put s'empêcher de donner des marques de son admiration. Quand ils commencèrent à danser, il s'éleva dans la salle un murmure de louanges. Le roi
et les reines se souvinrent qu'ils ne s'étaient jamais vus, et trouvèrent quelque chose de singulier de les voir danser ensemble sans se connaître. Ils les appelèrent quand ils eurent fini, sans leur donner le loisir de parler à personne, et leur demandèrent s'ils n'avaient
pas bien envie de savoir qui ils étaient, et s'ils ne s'en doutaient point.
- Pour moi, Madame, dit monsieur de Nemours, je n'ai pas d'incertitude ; mais comme madame de Clèves n'a pas les mêmes raisons pour deviner qui je suis que celles que j'ai pour la reconnaître, je voudrais bien que Votre Majesté eût la bonté de lui apprendre mon nom.
- Je crois, dit madame la dauphine, qu'elle le sait aussi bien que vous savez le sien.
- Je vous assure, Madame, reprit madame de Clèves, qui paraissait un peu embarrassée, que je ne devine pas si bien que vous pensez.
- Vous devinez fort bien, répondit madame la dauphine ; et il y a même quelque chose d'obligeant pour monsieur de Nemours, à ne vouloir pas avouer que vous le connaissez sans l'avoir jamais vu.
La reine les interrompit pour faire continuer le bal ; monsieur de Nemours prit la reine dauphine. Cette princesse était d'une parfaite beauté, et avait paru telle aux yeux de monsieur de Nemours, avant qu'il allât en Flandre
; mais de tout le soir, il ne put admirer que madame de Clèves.
Questions
Etudie les champs lexicaux de la surprise et de l'admiration .
De quel désordre l'entrée de M de Nemours est -elle le présage ?
Pourquoi Mme de Cléves dissimulet-elle qu'elle a reconnu M de Nemours "sans l'avoir jamais vu " ? En quoi ce mensonge a-t-il "quelque chose d'obligeant " pour lui ? Que trahit l'embarras de la princesse ?
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