" Le bourgeois Gentilhomme "


de
Moliére


Le 14 octobre 1670, Molière donne la première représentation du Bourgeois gentilhomme au château de Chambord, devant le roi Louis XIV et sa cour. La pièce résulte d'une commande du roi lui-même qui voulait un «ballet turc ridicule». Louis XIV avait été affecté par le mépris manifesté par l'ambassadeur du Grand Turc (le sultan ottoman d'Istamboul), Soliman Aga, lors de la réception donnée en son honneur à Versailles en décembre de l'année précédente.
Insensible à l'attrait du «kawah» (le café) que l'ambassadeur avait fait découvrir à la Cour, le roi attendait de Molière qu'il le vengeât de ses mauvaises manières.
Molière et Lully, le compositeur de la Cour, s'associent donc une nouvelle fois pour réaliser une comédie-ballet en cinq actes.
Le Bourgeois gentilhomme est la plus belle expression du théâtre total comme l'affectionne Molière, associant la comédie, la danse et la musique, dans une inspiration très baroque (*).
Le roi lui-même affectionne le genre et, jusqu'à la trentaine, n'hésite pas à participer à certaines représentations de ballets en dansant en personne (voir le film de Gérard Corbiau, Le roi danse, 2000).
Le Bourgeois gentilhomme est un prétexte à railler la haute bourgeoisie de l'époque, avide de s'anoblir par l'achat de charges (les «savonnettes à vilains»). La pièce met en scène Monsieur Jourdain, un riche parvenu désireux d'acquérir de bonnes manières en vue d'obtenir un titre de noblesse.
Il refuse de donner sa fille en mariage au jeune homme qu'elle aime parce que celui-ci n'est pas gentilhomme. Mais il se ravise lorsque le même jeune homme se présente comme le fils du Grand Turc et offre à M. Jourdain de l'élever à la dignité de «mamamouchi» en échange de la main de sa fille.
L'affaire se conclut par un ballet oriental, sur une musique de Lully... dont les authentiques janissaires du sultan feront une marche populaire !

Molière s'inquiète de l'accueil réservé du roi à sa pièce après la représentation de Chambord. C'est seulement au bout de cinq jours que le roi lui confie qu'il a trouvé la comédie excellente. Les Parisiens attendront cinq semaines avant de la découvrir à leur tour le 24 novembre 1670 au théâtre du Palais-Royal.
Avec Le Bourgeois gentilhomme, Molière est au sommet de sa gloire mais il est également usé par les années de galère et les luttes. Déjà, derrière la farce, perce le poids de l'amertume et des amours déçues.
Le 17 février 1673, après avoir donné la quatrième représentation du Malade Imaginaire, le comédien s'écroule et meurt.
Il a atteint l'âge canonique de... 51 ans et est usé par le travail, les difficultés matérielles et les tourments affectifs.

Moliére



Mr Jourdain Beaucoup de grands écrivains ont vécu au temps de Louis XIV .La Fontaine et ses célébres fables ,Racine et ses tragédies,Moliére et ses comédies ...
Dans la plupart de ses oeuvres ,Moliére s'attaque aux travers des hommes et de la société,qu'il ridiculise .
"Le bourgeois gentilhomme" aété représenté pour la premiére fois en 1670 au château de Chambord devant le roi et la cour .La piéce ,une comédie ballet,ridicule un bourgeois qui cherche à se comporter comme un noble .Le spectacle a beaucoup plu au roi et à la Cour qui l'on redemandé par la suite plusieurs fois .


EXTRAITS


Un bourgeois veut marier sa fille

Cléonte ,amoureux de Lucile ,vient de demander à Monsieur Jourdain la main de sa fille s'en suit une conversation entre Monsieur et Madame Jourdain.

MONSIEUR JOURDAIN.- Touchez là*, Monsieur. Ma fille n'est pas pour vous.
CLÉONTE.- Comment?
MR JOURDAIN.- Vous n'êtes point gentilhomme, vous n'aurez pas ma fille.
MME JOURDAIN.- Que voulez-vous donc dire avec votre gentilhomme? Est-ce que nous sommes, nous autres, de la côte de saint Louis*?
MR JOURDAIN.- Taisez-vous, ma femme, je vous vois venir.
MME JOURDAIN.- Descendons-nous tous deux que* de bonne bourgeoisie?
MR JOURDAIN.- Voilà pas le coup de langue?
MME JOURDAIN.- Et votre père n'était-il pas marchand aussi bien que le mien?
MR JOURDAIN.- Peste soit de la femme. Elle n'y a jamais manqué. Si votre père a été marchand, tant pis pour lui; mais pour le mien, ce sont des malavisés qui disent cela. Tout ce que j'ai à vous dire, moi, c'est que je veux avoir un gendre gentilhomme.
MME JOURDAIN.- Il faut à votre fille un mari qui lui soit propre*, et il vaut mieux pour elle un honnête homme riche et bien fait, qu'un gentilhomme gueux* et mal bâti.
NICOLE.- Cela est vrai. Nous avons le fils du gentilhomme de notre village, qui est le plus grand malitorne* et le plus sot dadais que j'aie jamais vu.
MR JOURDAIN.- Taisez-vous, impertinente. Vous vous fourrez toujours dans la conversation; j'ai du bien assez pour ma fille, je n'ai besoin que d'honneur, et je la veux faire marquise.
MME JOURDAIN.- Marquise!
MR JOURDAIN.- Oui, marquise.
MME JOURDAIN.- Hélas, Dieu m'en garde.
MR JOURDAIN.- C'est une chose que j'ai résolue.
MME JOURDAIN.- C'est une chose, moi, où je ne consentirai point. Les alliances avec plus grand que soi, sont sujettes toujours à de fâcheux inconvénients. Je ne veux point qu'un gendre puisse à ma fille reprocher ses parents, et qu'elle ait des enfants qui aient honte de m'appeler leur grand-maman. S'il fallait qu'elle me vînt visiter en équipage de grand-dame, et qu'elle manquât par mégarde à saluer quelqu'un du quartier, on ne manquerait pas aussitôt de dire cent sottises. "Voyez-vous*, dirait-on, cette Madame la Marquise qui fait tant la glorieuse? C'est la fille de Monsieur Jourdain, qui était trop heureuse, étant petite, de jouer à la Madame avec nous: elle n'a pas toujours été si relevée que la voilà; et ses deux grands-pères vendaient du drap auprès de la porte Saint-Innocent. Ils ont amassé du bien à leurs enfants, qu'ils payent maintenant, peut-être, bien cher en l'autre monde, et l'on ne devient guère si riches à être honnêtes gens." Je ne veux point tous ces caquets, et je veux un homme en un mot qui m'ait obligation de ma fille, et à qui je puisse dire: "Mettez-vous là, mon gendre, et dînez avec moi".
MR JOURDAIN.- Voilà bien les sentiments d'un petit esprit, de vouloir demeurer toujours dans la bassesse. Ne me répliquez pas davantage, ma fille sera marquise en dépit de tout le monde; et si vous me mettez en colère, je la ferai duchesse.

Acte III scéne 12
Madame Jourdain est furieuse de l'amitié que porte son mari à Dorante ,un grand noble de la Cour

MME JOURDAIN.- Vous êtes fou, mon mari, avec toutes vos fantaisies, et cela vous est venu depuis que vous vous mêlez de hanter la noblesse.
MR JOURDAIN.- Lorsque je hante la noblesse, je fais paraître mon jugement; et cela est plus beau que de hanter votre bourgeoisie.
MME JOURDAIN.- Çamon* vraiment. Il y a fort à gagner à fréquenter vos nobles, et vous avez bien opéré* avec ce beau Monsieur le comte dont vous vous êtes embéguiné*.
MR JOURDAIN.- Paix. Songez à ce que vous dites. Savez-vous bien, ma femme, que vous ne savez pas de qui vous parlez, quand vous parlez de lui? C'est une personne d'importance plus que vous ne pensez; un seigneur que l'on considère à la cour, et qui parle au Roi tout comme je vous parle. N'est-ce pas une chose qui m'est tout à fait honorable, que l'on voie venir chez moi si souvent une personne de cette qualité, qui m'appelle son cher ami, et me traite comme si j'étais son égal? Il a pour moi des bontés qu'on ne devinerait jamais; et devant tout le monde, il me fait des caresses* dont je suis moi-même confus.
MME JOURDAIN.- Oui, il a des bontés pour vous, et vous fait des caresses, mais il vous emprunte votre argent.
MR JOURDAIN.- Hé bien! ne m'est-ce pas de l'honneur, de prêter de l'argent à un homme de cette condition-là? et puis-je faire moins pour un seigneur qui m'appelle son cher ami?
MME JOURDAIN.- Et ce seigneur, que fait-il pour vous?
MR JOURDAIN.- Des choses dont on serait étonné, si on les savait.
MME JOURDAIN.- Et quoi?
MR JOURDAIN.- Baste*, je ne puis pas m'expliquer. Il suffit que si je lui ai prêté de l'argent, il me le rendra bien, et avant qu'il soit peu.
MME JOURDAIN.- Oui. Attendez-vous à cela.
MR JOURDAIN.- Assurément. Ne me l'a-t-il pas dit?
MME JOURDAIN.- Oui, oui, il ne manquera pas d'y faillir.
MR JOURDAIN.- Il m'a juré sa foi de gentilhomme.
MME JOURDAIN.- Chansons.
MR JOURDAIN.- Ouais, vous êtes bien obstinée, ma femme; je vous dis qu'il me tiendra parole, j'en suis sûr.
MME JOURDAIN.- Et moi, je suis sûre que non, et que toutes les caresses qu'il vous fait ne sont que pour vous enjôler.
MR JOURDAIN.- Taisez-vous. Le voici.
MME JOURDAIN.- Il ne nous faut plus que cela. Il vient peut-être encore vous faire quelque emprunt; et il me semble que j'ai dîné quand je le vois*.
MR JOURDAIN.- Taisez-vous, vous dis-je.

ACte III scene 3


Voici sur ce site la piéce compléte de Moliére

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