Mais qui a peur de Virginia Woolf ?

Née Stephen dans une famille recomposée,Virginia partage son enfance entre les hivers à Londres ,dans la sombre maison de Hyde Park Gate,et les étés à Saint-ives ,en Cornnouailles. Le choc de la jeunesse de Virginia est ,en 189(,le décés de sa mére Julia,la femme " au centre de tout "."Le plus grand désastre qui put arriver " ouvre une période de deuils qui n'en finit pas :la mort en 1897,de Stella ,sa demi-soeur.Ce fut un choc car Stella avait repris le rôle de mére de substitution et s'était occupée de toute la framille Stephen.Puis ce fut le pére en 1904, ce " barbu décharné",Leslie Stephen qui incarne l'intellectuel égoîste ,le mari tyrannique et qui aqux yeux de Virginia a été responsable de la mort de samére :("Elle mourut sans peine d'épuisement à quarante neuf ans ;alors que lui trouva trés dur de mourir d'un cancer à soixante douze ans !").Puis ce fut Thoby,mort en 1906,Thoby , le frére admiré et vénéré.

Heureusement ,Virginia peut ,toute sa vie durant ,compter sur sa soeur ,Vanessa .Toutes les deux décidérent trés tôt de devenir des artistes ,l'une écrivain ,l'autre peintre .Aprés le décés du pére ,le reste de la famille Stephen s'installa dans le quartier de Bloomsbury ,à Londres ,là où gravitent des artistes ,des peintres ,des écrivains ,des philosophes comme Lytton Strachey,John Maynard Keynes,Roger Fry et Leonard Woolf. Cette période de liberté ne rendit pas Virginia Plus heureuse :"Etre célibataire à vingt-neuf ans ,être une ratée sans enfants,démente et pas même écrivain !".C'est Léonard Woolf ,pour lequel pourtant elle n'éprouve aucune attirance,qui l'aidera à devenir l'écrivain si célébre .Il sacrifie sa carriére pour l'aider ,la soutenir ,la motiver et surtout pour atténuer ses folies suicidaires . Mais il ne faut surtout pas réduire la personnalité de Virginia Woolf a une femme sombre et mélancolique .Elle était ,entre chaque dépression,une critique perspicace ,exigeante.Une femme gaie ,vive ,mondaine et parfois excentrique .Elle n'hésite pas ,dans son " journal " a faire des commérages féroces .

L'écriture est à la fois ,pour Virginia un refuge et une thérapie .Elle ne s'en cache d'ailleurs pas , ses romans sont pleins de petits faits de sa vie .Dans presque tous ses romans ,on peut distinguer une autobiographie plus ou moins déguisée.Ainsi son premier roman ,La traversée des apparences (The voyage out-1915 ) raconte l'histoire de Rachel ,une jeune fille qui a perdu sa mére trés jeune .Virginia réécrit ce livre une bonne dizaine de fois .Idem pour Nuit et Jour (1919) et La chambre de Jacob (1922)où elle s'exprime sur la vie de Jacob Flanders qui représente son frére Thoby mort quinze ans plus tôt de la fiévre typhoîde. Et puis ,il y a Mrs Dalloway (1925) ,un chef -d'oeuvre qui raconte la vie d'une femme sur vingt-quatre heures. Virginia écrit pour se libérer des spectres de son passé. Préférant ne pas avoir d'enfant , Virginia est cependant trés ouverte au monde extérieur , critique littéraire et éditrice avec son mari , elle connait la vie des femmes de son temps . Elle appelle de toute son âme une époque où les femmes pourront enfin avoir une chambre à soi ,des loisirs et de l'argent .Virginia veut "tuer l'ange du foyer " et son métier d'écrivain lui permet de s'employer à cette tâche . Une fois de plus ,en Mars 1941,elle sent les crises de folie la submerger ,elle ne peut faire face et décide de se suicider . Le 28 Mars 1941 ,elle se jette dans l'Ouse ,des pierres au fond des poches ,pour ne plus supporter ses vieux démons .Elle avait cinquante-neuf ans .

La lettre de Virginia à Léonard Mon chéri, Je suis en train de redevenir folle ,j'en suis certaine.Nous ne pouvons revivre cette époque affreuse.Et cette fois ,je ne guérirais pas .Je commence à entendre des voix,et je n'arrive pas à me concentrer.Alors je fais ce qui me semble la meilleure chose à faire .Tu m'as donné le plus grand bonheur possible .Tu as été en tout point le meilleur des hommes .Je ne pense pas que deux personnes aient pu être plus heureuse jusqu'à ce qu'arrive cette terrible maladie .Je ne peux plus lutter ,je sais que je gâche ta vie ,que sans moi tu pourrais travailler .Et tu pourras ,je le sais .Tu vois ,je n'arrive même pas à écrire cela convenablement .Je ne peux pas lire .Ce que je veux dire ,c'est que je te dois tout le bonheur de ma vie.Tu as été entiérement patient avec moi et incroyablement bon .Je veux dire cela ;tout le monde le sait .Si quelqu'un avait pu me sauver ,ç'aurait été toi .Tout m'a abandonné à part la certitude de ta bonté .Je ne peux pas continuer à gâcher ta vie .Je ne pense pas que deux personnes aient pu être plus heureuses que nous l'avons été.

A VOIR sur le Web	Une magnifique série de documentaires sur la vie de Virginia woolf sur YouTube.A voir absolument. Virginia Woolf ,her life and works (en anglais) Une interview de Virginia Woolf à la BBC le 29 Avril 1937. Le site du Virginia Woolf Society.(en Anglais).
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